Les transporteurs positionnés sur le marché de distribution de PR

Résumé :

Tous les transporteurs vous le diront : la distribution de pièces détachées est un organisée en flux tendus. La disponibilité des Pièces de Rechange (PR) est l’un des principaux arguments de vente pour les distributeurs (concessionnaires, centres autos indépendants, distributeurs stockistes …) dans ce secteur hyperconcurrentiel. Le client final souhaite que son véhicule soit réparé le plus rapidement possible. Or le nombre de références qui se comptent en centaines de milliers ne cesse d’augmenter. Les équipementiers se refusent d’organiser des stocks coûteux d’autant que le prix unitaire des pièces est de plus en plus élevé. Le bon fonctionnement de ce marché qui est estimé à 21 milliards d’€ de chiffre d’affaires repose donc sur la qualité de service des transporteurs.

Une organisation sans stock pour la distribution indépendante.

Selon le Président de la filiale française de Autobac, N°1 mondial des centres auto la distribution indépendante de PR est entre le marteau et l’enclume. D’un côté les équipementiers fonctionnent en flux tendus. De l’autre, le client ne veut pas attendre. Les transporteurs se trouvent donc au cœur d’une organisation qui court après le temps. Pour y répondre, Autobac gère donc 3 types de flux : les approvisionnements conditionnés en palettes voire en camions entiers pour les promos de pneus par exemple. Les flux express pour les commandes de références qui ne sont pas en stock dans le magasin (1 produit sur 2). Enfin, la course (moins de 2 heures) pour réparer le véhicule immobilisé sur le banc.

Autodistribution n°1 de la distribution indépendante de PR en France confirme cette absence de stock. Selon, Isabelle Frerot, responsable logistique de Autodistribution, seuls 5% des flux passent par l’une des 2 plate-formes de stockage national. 95% des flux partent directement des 350 fournisseurs à destination des 650 centres de distribution. Le métier de ces centres de distribution est de vendre des pièces aux professionnels. Ces derniers disposent donc d’un stock tampon de proximité et de coursiers en véhicules légers qui alimentent en urgence des distributeurs finaux comme Autobacs. A ce jour, les constructeurs français sont les seuls à avoir mis en place une organisation qui repose sur des entrepôts. Prés de 100% des flux passent par des magasins centraux en charge de distribuer les concessionnaires. Les constructeurs français et leurs réseaux représentent entre 50 et 60% du marché de la PR. La distribution de ces flux est confiée en grande majorité aux 2 spécialistes que sont la CAT et Gefco. Ces 2 transporteurs ont été créés par les constructeurs français. A ce jour, Cat et Gefco  sont quasiment les seuls à pouvoir proposer une livraison en sas sur toute la France avant l’ouverture des concessions soit avant 8 heures. Le Sernam, France Express voire Warning, Mory et TATexpress se présentent en challengers. Leur cible : les constructeurs étrangers qui ne souhaitent pas travailler avec les filiales ou ex-filiales de leurs concurrents français ou qui n’ont pas de flux suffisants à leur confier.

Un marché très rentable pour les transporteurs

Chronopost, Ciblex, TNT, Gefco, Cat, France Express, DHL, Taxicolis, Sernam …: tous les transporteurs reconnaissent le poids significatif de ce secteur dans leurs activités. Entre 80% du chiffre d’affaires pour Gefco et 10% pour TNT, la distribution automobile attire l’ensemble de la profession. Selon P Chiron, responsable du département automobile de Eurostaff, le transport de PR serait « très rentable ». Au premier abord, c’est pourtant loin d’être évident. En effet, pour la majorité des flux et notamment les tournées régulières avec livraison en sas les prix au kg sont peu élevés. En réalité, selon le directeur Data-deliver, cabinet de veille marketing, la marge s’explique par l’analyse des flux ou plutôt la localisation des destinataires. Ces derniers comme par exemple les concessionnaires sont souvent situés sur la même zone. Enfin, le taux de groupage est très élevé. Ainsi chez Gefco, le poids moyen d’une expédition est de 197 kg pour un taux de groupage 15 colis/expédition. Philippe Gadonneix, Président de France Express confirme les fortes synergies entre les clients en terme de distribution « les coûts baissent vite dés que l’on a plusieurs clients dans ce secteur».

L’offre des transporteurs

On distingue 3 voire 4 groupes d’acteurs : les expressistes pour les petits colis, les spécialistes pour les tournées régulières ou l’express lourd, les messagers pour les approvisionnements et les coursiers pour l’urgence. Selon le Président de Sodit, principal grossiste français en PR de moteur diesel  « les offres express se ressemblent toutes. La différence tient dans la qualité du réseau. A ce jour aucun transporteur n’est capable de livrer correctement l’ensemble de la France ». Sodit a référencé 4 prestataires dont France Express et Chronopost.  En général les clients de Sodit choisissent le transporteur qui a l’agence de livraison la plus proche. Les expressistes, outre une livraison en début de matinée voire en milieu de journée, proposent leur solution de « track and trace » à laquelle il ajoute des procédures de sécurité spécifiques comme Ciblex ou des cellules de services clients dédiées comme TNT. Les spécialistes des tournées régulières comme Cat ou Gefco proposent une livraison en sas avant ouverture (8h). Ils sont concurrencés par les expressistes dits lourds comme Sernam ou TATexpress qui proposent une livraison en sas seulement sur une partie de la France. Ils concurrencent Cat et Gefco sur les flux des constructeurs étrangers. Enfin, les coursiers sont également fréquemment sollicités que ce soit pour des flux locaux, régionaux voire nationaux. Si TNT et DHL indiquent avoir récemment renforcés leurs services en charge d’affréter les courses urgentes, Chronopost est le seul acteur à pouvoir proposer une solution avec des moyens propres via sa filiale Taxicolis.

Les encarts

Roady

Filiale du groupe Intermarché, Roady dispose de 140 points de vente en France d’une surface moyenne de 400 m². Ces derniers proposent 80 000 références dont seulement 2500 en stock sur le point de vente. 20% des flux sont des approvisionnements, 75% sont de la distribution direct du distributeur et 5% du dépannage sous forme de course auprès du distributeur local. M Leblond, gérant du site Roady de Lannion, confirme que le transport est un élément clé du succès. Dans ce secteur hyperconcurrentiel, il est important de pouvoir proposer le plus rapidement possible la pièce au client. Pour ce faire, en cas d’extrême urgence, il lui arrive de prendre sa voiture pour aller chercher les pièces nécessaires auprès du distributeur local de PR pour professionnels.

France express

Philippe Gadonneix, Président, explique que France Express concurrence les spécialistes des tournées régulières comme CAT et Gefco notamment pour les flux des constructeurs étrangers. Le point fort de France Express est de pouvoir livrer des expéditions quelque soit leur taille : du simple boulon au pot d’échappement en passant par la palette. Enfin France Express se positionne en tant que leader de la distribution des flux régionaux.

Ciblex

le secteur automobile représente plus de 10% du chiffre d’affaires de Ciblex. Béatrice Collec-Leclerc, responsable Marketing explique que Ciblex est en mesure de livrer toute la France avant 9 heures. Pour répondre aux exigences de ce secteur, des diagnostics de sûreté sont proposés au client avant le démarrage afin de mettre en place des procédures adaptées.

TNT

Le responsable grands comptes internationaux automotive de TNT indique que l’automobile est l’un des marchés de la division automotive. Celle-ci regroupe également les PR des secteurs agricole, poids lourds et aéronautique. Le point commun entre ces activités est des attentes identiques en terme de prestations.

DHL

Comme pour l’ensemble des prestataires, l’automobile est un secteur d’activité important. Selon Philippe Fusillé, responsable marché automobile, DHL est principalement positionné sur les échanges internationaux de pièces liés à la R&D. Non seulement, le développement de nouveaux modèles est sans cesse en hausse mais la durée de développement se réduit. Les ingénieurs doivent aller de plus en plus vite. Or de nombreux échanges notamment internationaux sont nécessaires entre les équipementiers et les constructeurs que ce soit pour la réalisation de prototypes, d’échantillons ou de petites séries. En outre DHL, propose aux constructeurs qui n’ont pas de réseaux de distribution développé à l’étranger de leur livrer directement leurs représentants.

Jean-François Thonin